Paracha Yitro


« Des hommes de vérité qui méprisent l'appât du gain » (18:21)


Le Rebbe aspirait à ce que nous atteignons cet objectif: nous débarrasser de tout l'argent, de distribuer l' argent pour la Tsedaka, n'avoir aucun désir de richesse ou d'argent.

   Le Rebbe dit dans la Torah 30 : « il est impossible d'avoir une perception de la divinité, elle ne peut être appréhendée qu'à travers de nombreuses contractions. En s'élevant d'un niveau à l'autre, depuis l'intelligence supérieure vers une compréhension inférieure... Et pour atteindre une intelligence inférieure, la seule façon c'est en méprisant les gains. Il faut absolument avoir horreur de l'argent ». Le monde entier est dirigé selon l'intelligence inférieure, par une baisse de sagesse. Celui qui méprise le profit mérite d'atteindre cette sagesse inférieure, et il peut conduire le monde. Celui qui déteste l'argent peut tout à fait devenir le maître du monde. Le Roi Chlomo avait cette sagesse inférieure, « il était le plus sage de tous les hommes » (Melahim I, 5:11). Il a régné sur le monde entier. Au sujet de Chlomo il est dit : « Le roi Chlomo distribuait l'argent à Jérusalem comme des pierres » (Melahim I, 10:27). Comme il détestait l'argent, il a régné sur les supérieures et sur les inférieurs. Tout ce que le Roi Chlomo a atteint, il a volé avec l'aigle, il a régné sur les démons, sur les bêtes sauvages. Et même le saint Temple qu'il a construit, tout a été au moyen de la sagesse inférieure, grâce à son mépris du gain. Parce qu'il méprisait l'argent, alors il a eu une richesse illimitée. Tous les rois sont venus lui apporter de l'argent, de l'or, des singes, des éléphants. Ils lui ont tout apporté parce qu'il détestait absolument l'argent. Comme il est écrit : « durant les jours de Chlomo, l'argent était pratiquement sans valeur » (Sanhedrin 21b).


   Si une personne veut parvenir à la sagesse inférieure, pour obtenir ne serait-ce une goutte d'intelligence, ce n'est possible seulement s'il méprise absolument les profits, s'il déteste l'argent. Si un homme ne déteste pas l'argent, il ne peut rien réaliser spirituellement. L'envie d'argent est la pire forme de désir, c'est l'envie la plus difficile à surmonter. De toutes les envies il est possible de s'en débarrasser, parce qu'elles ont un aspect avilissant et dégradant. Une personne est gênée de ses autres désirs. Elle en a honte. Car on va se moquer d'elle à cause d'eux. Mais le désir d'argent, c'est le seul désir dont l'homme ne ressent aucune gêne, au contraire ! Il se vante d'être riche, il se glorifie avec son argent. Rabbi Natan dit à propos du désir d'argent : « nous avons reçu deux coups de fouet ». Non seulement lorsqu'une personne tombe dans l'envie d'argent, c'est la plus grande impureté au monde ; mais en plus, elle est admirée pour cela. Tout le monde fait son éloge, tout le monde est en jaloux et lui courre après. C'est pourquoi il est tellement difficile de briser et de se sortir de cette envie d'argent. Personne ne sait comment s'en échapper. Tous les autres désirs sont une source d'embarras pour une personne. Mais ce désir est le pire de tous ceux qui existent dans le monde. Ce désir d'argent est caché et dissimulé aux yeux de tous, très profondément enfoui à l'intérieur de lui. C'est pourquoi il est presque impossible de s'en échapper. La personne n'est même pas consciente qu'il s'agit d'une mauvaise inclination. Il ne réalise pas que passer du temps à penser à l'argent est une véritable honte. Il se forge pour lui-même des excuses du genre : « J'ai besoin de cet article ». Ou, « c'est pour marier mes enfants ». Ou, « ceci est mon revenu ». Qu'est-ce qui vous inquiète ? Tout est déjà inscrit dans le ciel. Quarante jours avant que l'homme soit créé, il est établi dans le ciel que tel ou tel autre jour, il va avoir une maison, et tel ou tel autre jour, il recevra un terrain, ou un revenu. Tout est déjà annoncé déjà avant que l'homme naisse. Aussi, pendant tout le temps que des personnes sont investies dans l'appât du gain, en pensant à tout cela tout le temps, alors la Geoula, la délivrance ne peut pas survenir. Parce que la Geoula ne peut venir seulement quand une personne a confiance en Hachem, et a ses yeux tournés vers Hachem.


   Nous disons trois fois par jour dans Ashrei : « Les yeux de tous sont tournés vers Toi, et Tu leur donnes leur nourriture en son temps ». En son temps ! Tout se passe au bon moment, à l'instant propice. Qu'est-ce qui revient à l'homme, un appartement, des meubles, etc. Mais tout cela n'est qu'en fonction de l'instant. Car l'essence de l'engagement dans l'argent, l'essence des préoccupations au sujet de l'argent, l'éloigne de la délivrance. S'éloigne de lui la possibilité d'obtenir un appartement ou de recevoir son revenu. Un homme pense durant toute sa vie à l'argent et à son revenu. Il ne sait pas qu'à la minute où il cessera à penser à son revenu, alors il viendra à lui tout seul, il courra vers lui. Dans le récit (11) du fils du roi qui a été échangé, il est raconté « il courrait et poursuivait les animaux. Et eux, ils fuyaient loin de lui. Et lui, il courrait après eux... ». Selon la tradition de Breslev, c'est ce qui arrive à toute personne au sujet de son revenu. Car qu'est-ce que le revenu (Parnassa). Ce mot peut être divisé en deux : « Par Nassa » (la vache s'enfuit, Nassa avec un Ayin). Toi, tu cours après ton revenu, comme il courrait après la vache. Et comme la vache s'enfuit, ainsi ton revenu s'enfuit loin de toi.


   Ceci ressemble à l'histoire du simple Juif qui a entendu le récit d'un Rav : « un ours était aveugle, estropié et blessé, il reposait dans une grotte. Hachem l'a soutenu en lui envoyant tous les jours un mouton. Il venait jusque dans sa bouche ». Ce Juif est rentré chez lui et a dit : « A partir de maintenant, je ne vais plus rien entreprendre. À partir d'aujourd'hui, je ne vais pas aller travailler. Je vais rester toute la journée dans la synagogue, et je vais étudier et prier. Sa femme a commencé à pleurer et les enfants ont commencé à pleurer. Tout le monde pleurait. C'était comme à Tisha BeAv. Le matin, ils se sont réveillés et ils ont vu que tout ce qu'ils possédaient avait été volé. Il ne suffisait pas qu'il ait décidé de ne plus aller travailler. Mais maintenant, leur cheval a été volé, et leur charrette a été volée. Sa femme  s'est emportée contre lui : « Tu nous amènes la malchance ! Tu es idiot, stupide ! Regarde ce que tu nous causes. Tu as décidé de ne plus aller travailler et immédiatement notre cheval et la charrette nous ont été volés. Tout est de ta faute ! Pourquoi es-tu allé écouter ce Rav parler ? Il a parlé au sujet d'un certain ours, et de moutons qui marchaient tout droit dans sa bouche. Tu penses être un ours ? Tu n'es pas un ours ! Tu dois te comporter comme un être humain. Tu dois aller travailler. Voilà, tu vois quelles accusations tu amènes contre nous. Maintenant, nous n’avons plus de cheval, plus de charrette, plus rien ».


   Mais ce qui s'était passé en vérité, il y avait un voleur qui avait besoin d'une charrette et d'un cheval pour voler dans les coffres d'or dans une église. Il a mis tout sur la charrette. Et il s'est rendu dans la forêt. Il a creusé un trou de trois mètres de profondeur afin d'y enterrer son trésor. Tout à coup, le monticule de terre s'est effondré sur lui, et il a été enterré vivant dans le trou. Tout l'or était encore sur la charrette. Dix coffres d'or avec des bijoux, des diamants, des perles et des chandeliers en or. Tout était encore recouvert sur la charrette. Et le pauvre cheval ne savait pas ce qui lui arrivait. Où était-il pris, que voulait-on de sa vie ? « Où est mon maître ? », il commença à pleurer ? Après un moment, il a tout simplement décidé de rentrer à la maison. Dans le même temps, dans la maison du simple Juif, tout le pleurait, sur le cheval, sur la charrette. Ils pleuraient sur leur père qui avait perdu la tête. Qui avait décidé de ne plus aller travailler. Qui avait décidé de consacrer sa vie au service de Hachem. Tout d'un coup, ils entendirent un bruit vers le portail. Quelque chose frappait à la porte. Tout le monde a couru dehors et a vu le cheval avec la charrette. Ils s’écrièrent : « Voilà le cheval ! » Quel bonheur et quelle joie. Mais que va-t-il se passer avec notre père qui a perdu la tête et qui ne veut plus aller travailler ? Ils ont vu que la charrette était recouverte d'un drap. Ils ont pensé qu'il devait y avoir quelques pommes de terre, des carottes ou quelque chose de semblable. Peut-être que le voleur avait mis des légumes dans la charrette pour les vendre au marché. Ils pourraient éventuellement laisser ici quelques pommes de terre pourries ? Tout à coup, ils se sont aperçus que la charrette était remplie de coffres d'or et d'argent. Il en va ainsi pour chaque personne qui voudra consacrer sa vie à Hachem. Elle veut faire dépendre son revenu de Hachem. Aussi, il ne s'agit pas d'une histoire qui s'est déroulée il y a un million d'années. C'est l'histoire journalière de notre vie ! Si une personne croit vraiment en Hachem et met toute sa confiance en Hachem, alors l'or et l'argent lui parviendront directement à la maison !


   Le Rebbe aspirait à ce que nous atteignions ce niveau : jeter l'argent, distribuer notre argent à la charité, ne pas amasser des richesses. Il désirait que nous n'ayons pas d'envies ou de désirs relatifs à l'argent. Il souhaitait sincèrement que nous parvenions à atteindre le niveau de sainteté du Baal Chem Tov et du Noam Elimeleh. Ils donnaient tout leur argent chaque jour à la charité. Ils ne gardaient pas une seule pièce d'un jour pour le lendemain. Malgré tout dans la Conversation 55 de Haye Moharan, le Rebbe dit : « Je ne veux pas que vous soyez troublé sur cette notion à respecter. Mais, je ne veux pas que, tout d'un coup, vous sautiez les étapes pour atteindre ce niveau. Vous ne devez pas jeter l'argent que vous recevez. Si vous avez des dettes, vous devez les payer. Et lorsque vous recevez de l'argent, prélevez le Ma'asser, la dîme, et donnez'la à la charité. Si vous êtes au niveau de pouvoir donner un cinquième, c'est encore mieux. Mais ne laissez pas votre femme et vos enfants avoir faim. Il suffit de savoir que vous détestez vraiment l'argent, que vous méprisez le gain. Ne faites pas du gain d'argent une sainte mission. Rabbi Nathan également dans Likutei Halahoth, Hilhot Chabbat, traite de cette question en détail. Une personne doit faire preuve de beaucoup de sagesse et d'intelligence pour savoir comment trouver un équilibre avec l'obligation de faire un effort pour gagner sa vie, et entre le travail pour acquérir la confiance en Hachem. C'est un niveau que seul un petit nombre de personnes ont mérité d'atteindre. « Car beaucoup de gens ont essayé d'être comme Rabbi Chimon Bar Yohai [elles ne font aucun effort pour gagner leur vie], mais très peu ont réussi ! ». Mais au moins, vous devez savoir qu'il faut détester l'argent, et par conséquent ne pas faire de son occupation pour gagner sa vie une mission sacrée. Il faut être conscient que cela est l'une des plus grandes impuretés. Une personne devrait avoir honte si elle pense constamment à l'argent. Aussi, il faut essayer de s'accrocher à ces principes. C'est-à-dire agir avec honnêteté, tout en ayant un désir sincère d'atteindre le niveau des Tsadikim en faisant confiance en Hachem. Et il faut donner autant de Tsedaka que possible. Il convient donc de mépriser le gain et faire en sorte de haïr l'argent.

 

 

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